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L’évolution des soins de santé pédiatriques pour les personnes transgenres en Flandre.

Photo du rédacteur: La Petite SirèneLa Petite Sirène

Tendances des orientations, des consultations et des interventions d’affirmation de genre au cours des 15 dernières années.

 

The evolution of pediatric transgender healthcare in Flanders: Trends in referrals, intakes and gender-affirming interventions over the last 15  years


Silvia Ciancia, Laura Bruneel, Judith Van Schuylenbergh, Daniel Klink, Karlien Dhondt, Robin Heyse, Joz Motmans & Martine Cools - 21 janvier 2024



 

Résumé


Objectif

L’augmentation du nombre de mineurs remettant en question leur identité de genre et recherchant des soins a conduit à la création de cliniques pédiatriques spécialisées dans le genre dans plusieurs pays. L’équipe multidisciplinaire de genre pédiatrique de l’hôpital universitaire de Gand, en Belgique, a commencé ses activités en 2007. Nous rapportons ici l’évolution des orientations, des évaluations psychologiques et des tendances concernant le début des interventions médicales et chirurgicales d’affirmation de genre entre 2007 et 2023.


Méthodes

L’étude inclut l’ensemble des mineurs (âgés de moins de 17 ans) ayant eu une évaluation psychologique entre 2007 et 2023. Des sous-groupes ont été analysés en fonction du sexe enregistré à la naissance (féminin ou masculin, désignés respectivement par RFAB et RMAB), ainsi que de l’année et de l’âge lors de l’évaluation psychologique (moins de 10 ans ou plus de 10 ans).


Résultats

Le nombre d’orientations a augmenté ces dernières années. Entre 2007 et 2023, 890 mineurs (dont 65,5 % de RFAB) ont accédé à notre service. Le ratio RFAB/RMAB a progressivement augmenté, et la plus grande proportion concernait les RFAB ayant eu leur première consultation après l’âge de 10 ans. Après 12 mois, 19,5 % des mineurs ne bénéficiaient plus d’un suivi dans notre centre. Parmi eux, 28,1 % des RFAB et 47,2 % des RMAB n’ont pas débuté de traitement médical.


Parmi ceux ayant reçu un traitement médical :


• 66,9 % des RFAB et 52,8 % des RMAB ont commencé une suppression hormonale gonadique (GHS).

• Parmi ces patients sous GHS :

• 17,7 % des RFAB et 34,6 % des RMAB ont reçu des analogues de la GnRH.

• 82,3 % des RFAB ont reçu des progestatifs pro-androgéniques.

• 65,4 % des RMAB ont reçu des anti-androgènes.

• 74,6 % des RFAB et 86,4 % des RMAB sous GHS et âgés de plus de 16 ans ont ensuite commencé un traitement hormonal d’affirmation de genre.


En ce qui concerne les chirurgies d’affirmation de genre :


• La mastectomie était l’intervention la plus courante chez les RFAB, suivie de l’hystéro-gonadectomie.

• Chez les RMAB, les chirurgies d’affirmation de genre étaient moins fréquentes, la vaginoplastie étant l’intervention la plus réalisée.


Conclusions

La prise en charge des mineurs présentant une incongruence de genre nécessite une approche pluridisciplinaire, en raison de la complexité des besoins psychologiques, sociaux et physiques de ce groupe. Le choix du moment et des options thérapeutiques doit être adapté individuellement à chaque adolescent.


 

Introduction


Au cours des dernières années, le nombre de personnes transgenres et de genre divers (TGD) recherchant un soutien psychologique et/ou des soins médicaux a augmenté. En conséquence, les services d’identité de genre ont connu une forte augmentation du nombre d’orientations et de la charge de travail (Arnoldussen et al., 2020 ; Kaltiala et al., 2020 ; Service, n.d. ; Wiepjes et al., 2018). Parallèlement, l’âge auquel les personnes TGD se présentent dans les cliniques de genre a diminué (Wiepjes et al., 2018), conduisant à la création de cliniques pédiatriques spécialisées dans le genre.


Au cours des dernières années, plusieurs études ont montré de manière cohérente une amélioration ou une stabilité du fonctionnement psychologique, de l’image corporelle et de la satisfaction au traitement, bien que des différences dans les protocoles et méthodes de traitement empêchent d’aboutir à des conclusions uniformes (Achille et al., 2020 ; Becker-Hebly et al., 2021 ; Carmichael et al., 2021 ; Kuper et al., 2020 ; Tordoff et al., 2022).


En 2007, l’équipe de genre pédiatrique (PGT) de l’hôpital universitaire de Gand a commencé son activité et a longtemps été le seul service de genre pédiatrique en Belgique. Une équipe pluridisciplinaire composée de psychologues pour enfants, de psychiatres pour enfants, d’assistants sociaux et d’endocrinologues pédiatriques a été créée. De plus, des chirurgiens plasticiens, des urologues et des gynécologues expérimentés dans le conseil et le traitement des personnes TGD ont collaboré dès le début. Dès le lancement du service, nous avons proposé diverses alternatives aux analogues de la gonadolibérine (GnRHa), qui ont été utilisés comme médicaments de premier choix pour la suppression hormonale gonadique (GHS) depuis le début de la prise en charge médicale des adolescents TGD (de Vries & Cohen-Kettenis, 2012). Initialement, cela était dû aux restrictions des critères de remboursement des GnRHa. Depuis que le remboursement a été garanti pour toutes les personnes à partir de 2022, des alternatives aux GnRHa ont été prescrites comme première option pour obtenir une GHS dans des situations spécifiques, offrant ainsi une prise en charge individualisée.


Le premier objectif de cette étude était d’examiner l’évolution du nombre d’enfants et d’adolescents orientés vers notre PGT et ayant bénéficié d’une évaluation psychologique depuis 2007. Ensuite, nous avons souhaité analyser combien ont décidé de poursuivre une GHS après avoir été diagnostiqués avec une incongruence de genre/dysphorie de genre (GI/GD) et combien ont ensuite continué avec des hormones d’affirmation de genre (GAH). Les différences entre les protocoles alternatifs de GHS ont également été explorées. De plus, nous avons examiné combien de personnes prenaient encore des GAH au moment de la collecte des données et combien ont décidé de procéder à une chirurgie d’affirmation de genre (GAS). Enfin, nous avons analysé combien de mineurs ont finalement arrêté le traitement dans notre centre.


Méthodes


Population étudiée et conception de l’étude


L’acquisition des données a eu lieu entre décembre 2023 et février 2024, en vérifiant chaque dossier médical afin de mettre à jour et d’intégrer notre base de données institutionnelle, qui est régulièrement actualisée par les gestionnaires de cas du PGT. Tous les enfants et adolescents ayant eu au moins une consultation avec un psychologue pédiatrique au sein du PGT entre 2007 et 2023 ont été inclus. Seuls les mineurs de moins de 17 ans étaient éligibles pour une évaluation psychologique.


À noter que les mineurs n’ont pas besoin d’être orientés par leur médecin généraliste ou un spécialiste ; ils peuvent s’auto-orienter (ou leurs parents) en demandant un rendez-vous avec un psychologue pédiatrique.


Les données suivantes ont été collectées :

• Date de naissance

• Sexe enregistré à la naissance (SRAB, avec seulement deux options légales disponibles dans notre pays)

• Genre ressenti

• Âge à l’orientation

• Âge lors de la première consultation avec un psychologue pédiatrique

• Âge et stade de Tanner (ainsi que les médicaments prescrits) au début de la suppression hormonale gonadique (GHS) et des hormones d’affirmation de genre (GAH)

• Âge lors de la chirurgie d’affirmation de genre (GAS), le cas échéant

• Poursuite ou arrêt de la GHS ou des GAH au moment de la collecte des données


Si la GHS et/ou les GAH ont été interrompues, les raisons de cette décision ont été recherchées. L’évolution du nombre et de l’âge des mineurs sur liste d’attente a également été analysée, qu’ils aient ou non eu une première consultation.


Protocole de traitement


Depuis le début des activités du PGT jusqu’en septembre 2022, le protocole de traitement est resté largement inchangé et est conforme aux recommandations actuelles (Coleman et al., 2022 ; Hembree et al., 2017). Cependant, à partir de 2018, seuls les enfants de plus de neuf ans ont été considérés comme éligibles pour une évaluation psychologique au sein de notre PGT, tandis que les enfants plus jeunes sont orientés vers un psychologue pédiatrique externe.


Plus précisément, les mineurs exprimant des sentiments d’incongruence de genre (GI) sont évalués par un psychologue pédiatrique pendant au moins 6 à 12 mois, avec des rendez-vous tous les 4 à 6 semaines. Lors de ces séances, l’identité de genre est explorée, ainsi que les relations amoureuses et la sexualité. La santé mentale globale, les facteurs contextuels (tels que le soutien familial, le contexte socio-économique et éducatif) sont soigneusement pris en compte. Si nécessaire, le mineur est orienté vers un soutien externe ou une psychothérapie spécifique.


Le suivi psychologique est maintenu tout au long du parcours de transition. Chaque étape médicale est discutée au sein de l’équipe pluridisciplinaire. Une évaluation par un psychiatre pour enfants et l’implication d’un assistant social sont obligatoires avant le début des GnRHa, des GAH ou de toute intervention chirurgicale. Les avantages et inconvénients de chaque étape médicale ou chirurgicale sont discutés en détail par tous les professionnels de santé impliqués.


Les mineurs sont orientés vers l’endocrinologue pédiatrique pour évaluer leur développement pubertaire (Marshall, 1975) ou pour débuter la GHS ou les GAH. Plusieurs options existent pour la GHS, permettant d’optimiser les soins individualisés. L’utilisation de certains médicaments a évolué au fil des années (voir Figure 1).


Le début des GAH a longtemps été réservé aux mineurs de plus de 16 ans. Toutefois, selon les dernières recommandations (SOC8), cet âge ne constitue plus une restriction pour débuter les GAH (Coleman et al., 2022). D’autres facteurs, tels que la maturité mentale, la durée prolongée sous GHS et le bien-être psychologique, sont pris en compte pour déterminer le moment optimal de mise en route du traitement.

• Chez les RFAB, la testostérone est généralement débutée à une dose de 50 mg i.m. toutes les deux semaines, puis progressivement augmentée tous les 6 mois jusqu’à une dose adulte moyenne de 125 mg/2 semaines i.m.. Chez les adolescents plus âgés (>17 ans), la dose initiale peut être plus élevée.

• Chez les RMAB, le valérate d’estradiol est généralement débuté à une dose de 0,5 mg/jour par voie orale, augmentée à 1 mg/jour après 6 mois, puis à une dose adulte de 2 à 4 mg/jour après 24 mois. Les œstrogènes transdermiques (patchs ou gel) sont rarement prescrits en raison des critères de remboursement ou des préférences des adolescents.


Les chirurgies d’affirmation de genre sont effectuées uniquement chez les adultes (>18 ans), à l’exception de la mastectomie, qui peut être proposée dès 17 ans.


Analyse statistique


L’ensemble de la cohorte de mineurs ayant eu une première consultation entre 2007 et 2023 a été divisé en deux groupes en fonction du SRAB. Par la suite, des sous-cohortes plus petites ont été constituées afin d’analyser les tendances au fil du temps, en fonction de l’année de la première consultation (avec des intervalles de 3 ans, sauf pour les deux dernières années 2022-2023).


Nous avons ensuite comparé les tendances dans le temps et la proportion d’enfants débutant une GHS et/ou des GAH, en prenant en compte l’âge lors de la première consultation (moins de 10 ans ou plus de 10 ans), cette distinction servant de mesure indirecte pour évaluer si le parcours psychologique a débuté avant ou après le début de la puberté.


L’analyse a été réalisée avec Microsoft 365 Excel (version 2403) et la représentation graphique avec GraphPad Prism version 10.


Les données normalement distribuées sont rapportées sous forme de moyenne ± écart-type (SD), tandis que les données non normalement distribuées sont présentées sous forme de médiane (IQR). Les variables dichotomiques sont exprimées en pourcentages.


Figure 1. Protocole de GHS et son évolution au fil du temps. Depuis septembre 2022, les GnRHa sont également remboursés pour les adolescents en puberté avancée.


Résultats


Évolution au fil des années


Entre 2007 et 2023, 890 mineurs (65,5 %, n = 583 RFAB et 34,5 %, n = 307 RMAB) ont eu au moins une consultation avec un psychologue pédiatrique au sein du PGT. L’âge médian lors de la première consultation était de 15,05 ans (IQR 3,64) pour RFAB et de 13,93 ans (IQR 6,15) pour RMAB.


Une augmentation du nombre de mineurs orientés vers notre équipe a été observée depuis 2017, atteignant un plateau en 2021. Depuis 2017, le nombre d’orientations a dépassé le nombre de premières consultations, malgré l’expansion du personnel, entraînant une augmentation progressive de la liste d’attente.


L’augmentation annuelle du nombre d’orientations ainsi que le nombre de mineurs ayant eu une première consultation psychologique, stratifiés par année, sont illustrés dans la Figure 2(a), où les RFAB représentent la majorité des consultations, comme indiqué dans la Figure 2(b).


La Figure 3 montre l’évolution de l’âge médian lors de la consultation psychologique, au début de la GHS et au début des GAH pour RFAB et RMAB. Au fil des ans, une réduction du délai entre la consultation psychologique et le début de la transition médicale a été observée. Ces tendances sont représentées dans la Figure 4, en fonction du SRAB.


Dans la Figure 5, le pourcentage d’individus initiant la GHS et la GAH est illustré, divisé par SRAB et stratifié par année de première consultation. Il est important de noter que, pour les trois derniers intervalles, les données sont influencées par le moment de l’acquisition des données, une partie de la population n’étant pas encore éligible pour commencer la GHS et/ou la GAH.


De plus, dans notre centre, les progestatifs et la CPA ont été les traitements préférés pour la GHS chez les RFAB et RMAB en puberté avancée, respectivement, jusqu’en 2022, car les GnRHa n’étaient pas remboursés pour les mineurs aux stades 4 et 5 de Tanner. Cependant, l’approbation du remboursement des GnRHa en Belgique pour toutes les personnes TGD en septembre 2022 a conduit à une augmentation de leur utilisation uniquement chez les RMAB, mais pas chez les RFAB.


Enfin, nous avons enregistré le nombre de mineurs ayant interrompu le suivi psychologique après un an à compter de leur première consultation. L’intervalle analysé s’étend de 2017 à 2022, car cette information n’était pas systématiquement enregistrée avant 2017 et la fin de la collecte des données en février 2024 ne nous a pas permis d’obtenir ces informations pour les consultations de 2023.


D’après les données de 2017-2022, la proportion de mineurs ayant interrompu le suivi un an après la consultation psychologique était de :


• 18 % pour les consultations en 2017

• 24 % pour 2018

• 14 % pour 2019

• 25 % pour 2020

• 17 % pour 2021

• 19 % pour 2022


En moyenne, 19,5 % des mineurs interrompaient leur suivi chaque année.


Figure 2.

(a) Nombre d’orientations et de premières consultations avec un psychologue pédiatrique au sein du PGT de l’hôpital universitaire de Gand entre 2007 et 2023. Les deux pics de consultations (2017-2018 et 2021-2022) sont dus à l’intégration de nouveaux psychologues dans l’équipe, augmentant ainsi la capacité de prise en charge. Les RFAB et RMAB sont représentés ensemble.

(b) Ratio basé sur le SRAB pour les mineurs ayant eu une première consultation psychologique, stratifié par année de consultation, de 2007 à 2023. L’année 2007 n’est pas affichée, car un seul mineur RMAB a bénéficié d’une consultation psychologique cette année-là.


Figure 3. Âge médian (IQR) lors de la première consultation psychologique, au début de la GHS et au début des GAH pour les adolescents RFAB et RMAB.


Figure 4. Temps écoulé entre la première consultation avec le psychologue pédiatrique et le début des GnRHa, des progestatifs (P) pour les adolescents RFAB ou de la CPA pour les adolescents RMAB, ainsi que des GAH. Le temps est exprimé en mois (médiane et IQR) ; les données sont stratifiées par année de première consultation.


Figure 5. Proportion d’adolescents débutant les GnRHa, les progestatifs (P) pour les adolescents RFAB ou la CPA pour les adolescents RMAB, ainsi que les GAH, répartis selon le SRAB et stratifiés par année de première consultation psychologique. Pour les trois derniers intervalles, les données sont influencées par le moment de l’acquisition des données.


De plus, nous avons enregistré combien de mineurs ont décidé d’interrompre le suivi psychologique après un an à compter de la première consultation.


L’intervalle analysé était 2017-2022, car cette information n’était pas systématiquement enregistrée avant 2017, et la fin de la collecte des données en février 2024 ne nous a pas permis d’acquérir cette information pour les consultations de 2023.


Selon les données de 2017-2022, la proportion d’enfants/adolescents ayant interrompu le suivi un an après la consultation psychologique était de :

• 18 % pour les consultations en 2017,

• 24 % pour 2018,

• 14 % pour 2019,

• 25 % pour 2020,

• 17 % pour 2021,

• 19 % pour 2022,

• soit une moyenne de 19,5 % par an.


Aperçu des interventions médicales


Parmi tous les mineurs ayant eu une première consultation psychologique, 28,1 % des RFAB et 47,2 % des RMAB n’avaient pas commencé de traitement médical au moment de l’acquisition des données.


L’intervalle médian entre la première consultation psychologique et le début des traitements était de :

• 15,2 mois (IQR 18,3) pour RFAB et 21,1 mois (IQR 40,1) pour RMAB avant de commencer les GnRHa,

• 9 mois (IQR 9,8) pour RFAB avant de commencer les progestatifs,

• 11,4 mois (IQR 11,4) pour RMAB avant de commencer la cyprotérone acétate (CPA).


La durée médiane du suivi psychologique avant le début des GAH était de 20,7 mois (IQR 21,4) pour RFAB et 24,8 mois (IQR 28,6) pour RMAB.


Parmi tous les RFAB, 66,9 % ont commencé la GHS, dont :

• 17,7 % avec des GnRHa,

• 82,3 % avec des progestatifs.


Parmi les 307 RMAB, 52,8 % ont commencé la GHS, dont :

• 34,6 % avec des GnRHa,

• 65,4 % avec de la cyprotérone acétate (CPA).


L’âge et le stade de Tanner au début de la GHS sont indiqués dans Tableau 1.


Concernant la GAH :

• 94,6 % des RFAB sous GnRHa et 85,3 % sous progestatifs et âgés de 16 ans ou plus ont commencé une supplémentation en testostérone.

• Parmi les 320 RFAB ayant commencé la GAH, 9 % n’avaient pas suivi de GHS avant la GAH ou avaient pris une pilule contraceptive orale (OAC).

• Parmi les RMAB âgés de 16 ans ou plus et sous GnRHa ou CPA, 84 % et 94,2 % respectivement ont commencé une supplémentation en œstrogènes.


La durée de la GHS avant le début des GAH, l’âge au début des GAH et le pourcentage d’individus poursuivant la GAH sont indiqués dans Tableau 1.


Le Tableau 2 présente un aperçu de la proportion d’individus ayant subi une chirurgie d’affirmation de genre (GAS) ainsi que l’âge médian au moment de l’intervention.


Interruption du parcours de transition et suicide


Un nombre limité d’individus a décidé d’arrêter partiellement ou totalement son parcours de transition de genre.


Malheureusement, cinq individus RFAB sont décédés par suicide (voir Figure 6).


L’âge médian au moment du suicide était de 18,6 ans (fourchette : 17,9 – 20 ans).

• Quatre de ces individus avaient commencé la transition médicale tardivement, avec une GHS suivie d’une GAH, et avaient subi une mastectomie et une hystéro-gonadectomie au moment du suicide.

• Un individu avait commencé sa transition médicale directement avec une GAH, sans GHS préalable, et avait subi une hystéro-gonadectomie.


Aucune augmentation du nombre de suicides au fil du temps n’a été enregistrée :

• Un cas en 2014,

• Un cas en 2015,

• Deux cas en 2018,

• Un cas en 2019.


Tableau 1. GHS et GAH chez les mineurs TGD évalués au sein du PGT de l’hôpital universitaire de Gand entre 2007 et 2023.


Tableau 2. Accès à la chirurgie d’affirmation de genre.


Accès aux soins médicaux en fonction de l’âge lors de la première consultation


Enfin, nous avons calculé le pourcentage de mineurs ayant débuté la GHS et/ou la GAH en fonction de leur âge lors de la première consultation (moins de 10 ans ou plus de 10 ans). L’intervalle considéré pour ces données est 2007-2017, car, selon notre politique interne, à partir de 2018, seuls les enfants âgés de plus de 9 ans sont éligibles pour une première consultation. De plus, les jeunes enfants ayant eu une consultation ces dernières années ne seraient pas encore éligibles pour les étapes médicales.


La Figure 7 montre la proportion de mineurs ayant eu une première consultation psychologique, stratifiée par année, âge lors de la consultation et SRAB.


Concernant la proportion de mineurs ayant débuté la GHS et/ou la GAH, stratifiée par année, âge lors de la consultation et SRAB, les pourcentages varient selon les années. Toutefois, les mineurs ayant eu une première consultation après l’âge de 10 ans étaient plus susceptibles de commencer une GHS (76–96 % pour RFAB et 68–97 % pour RMAB) ou une GAH (67–97 % pour RFAB et 50–77 % pour RMAB) par rapport à ceux ayant eu une consultation avant l’âge de 10 ans (GHS débutée chez 40–67 % des RFAB et 25–50 % des RMAB ; GAH débutée chez 68–70 % des RFAB et 44–50 % des RMAB).


Figure 6. Interruption des parcours de transition de genre.


Figure 7. Proportion de mineurs ayant eu une première consultation psychologique, stratifiée par SRAB et par âge lors de la consultation. Les données après 2017 ne sont pas présentées en raison d’un changement de politique interne. L’année 2007 n’est pas affichée, car un seul mineur RMAB a eu une consultation psychologique (âge <10 ans). Pour plus de détails, voir le texte.


Discussion


Dans cette étude, nous avons rapporté les tendances des orientations, des consultations psychologiques et des parcours d’affirmation de genre des mineurs TGD ayant accédé au Pediatric Gender Service de l’hôpital universitaire de Gand entre 2007 et 2023. Alors que les orientations étaient variables durant les premières années d’activité, depuis 2017, un nombre progressivement croissant de mineurs a été orienté vers notre service pour une évaluation psychologique. Malgré l’augmentation du nombre de psychologues pédiatriques rejoignant l’équipe, le temps d’attente sur la liste s’est considérablement allongé. Cette hausse des orientations et les listes d’attente prolongées sont conformes aux observations faites dans d’autres pays (Arnoldussen et al., 2020 ; Kaltiala et al., 2020 ; Service, n.d. ; Wiepjes et al., 2018).


Conformément aux études précédentes, nous avons initialement observé une augmentation du ratio RFAB/RMAB dans les consultations, ratio qui semble être plus stable ces dernières années. Cependant, cette augmentation n’a été observée que chez les adolescents RFAB, tandis que le nombre d’enfants RFAB est resté stable (Cass, 2024 ; Chiniara et al., 2018 ; de Graaf et al., 2018 ; van der Loos et al., 2023). Des explications sociologiques et socio-culturelles ont été avancées, principalement liées à une plus grande acceptation des comportements et identités transmasculines, ainsi qu’à l’influence des réseaux sociaux, qui semble être plus marquée chez les adolescentes RFAB (Cass, 2024 ; Rawee et al., 2024), impactant ainsi les schémas d’orientation.


En ce qui concerne l’âge lors de la première consultation psychologique, en raison du faible nombre de cas dans les premières années et du changement de politique interne en 2018, la majorité des mineurs étaient âgés de plus de 10 ans. La proportion de mineurs poursuivant une GHS et une GAH était plus élevée pour ceux ayant un âge plus avancé lors de la consultation initiale, ce qui est conforme aux données rapportées par d’autres collègues (van der Loos et al., 2023).


Dans l’enfance, la variance de genre n’est pas rare (Simons et al., 2014). Des données récentes montrent que parmi les enfants ayant initié une transition sociale dans l’enfance (âge médian de 8 ans), seulement 7 % ont effectué une re-transition cinq ans plus tard (Olson et al., 2022).


Depuis 2007, nous proposons aux mineurs questionnant leur genre une évaluation psychologique approfondie avant de débuter toute transition, dans un cadre offrant une prise en charge pluridisciplinaire. La transition sociale est le premier pas, permettant aux mineurs d’explorer davantage leur identité de genre. La transition médicale suit, si souhaité, lorsque l’âge approprié et la maturité mentale sont atteints, après une discussion pluridisciplinaire. Toutefois, cela ne doit pas retarder le traitement des mineurs chez qui l’incongruence/dysphorie de genre est confirmée, car un retard pourrait être préjudiciable.


Gestion de l’augmentation des orientations


Pour gérer l’augmentation des orientations, depuis 2018, seuls les enfants âgés de plus de 9 ans sont éligibles pour une consultation psychologique au sein du PGT. Probablement en raison de ce changement de politique interne et du temps d’attente prolongé, l’âge médian lors de la première consultation psychologique a augmenté au fil des ans, notamment chez les enfants RMAB. Une tendance similaire a été observée dans l’âge médian au début de la GHS et de la GAH.


En revanche, le délai entre la consultation psychologique et le début de la GHS et de la GAH s’est progressivement réduit.


Choix thérapeutiques pour la GHS


Parmi les mineurs RFAB ayant débuté une GHS, plus de 80 % ont reçu des progestatifs, tandis que moins de 20 % ont reçu des GnRHa (dont 67 % étaient aux stades de Tanner 2 et 3).


Chez les mineurs RMAB, jusqu’à un tiers ont reçu des GnRHa (dont 64,2 % aux stades de Tanner 2 et 3).


Les GnRHa sont souvent préférés à la CPA chez les RMAB, en raison des effets secondaires de la CPA et de son association avec le méningiome lors d’une utilisation prolongée à fortes doses (Champeaux-Depond et al., 2021 ; Glintborg et al., 2021 ; Mancini et al., 2018 ; Tack et al., 2017).


En revanche, chez les RFAB en fin de puberté, l’objectif principal du traitement (suppression des menstruations) peut être sécurisé par l’administration de progestatifs. De plus, il a été démontré que cette option avait un meilleur impact sur la densité minérale osseuse (Tack et al., 2018).


Les progestatifs oraux présentent également des avantages pratiques, car leur administration ne nécessite pas d’infirmière à domicile ni de consultations régulières avec un médecin généraliste. D’après notre expérience, les adolescents TGD préfèrent souvent cette option aux GnRHa.


Selon notre protocole, une consultation avec un psychiatre pédiatrique n’est pas requise avant de prescrire des progestatifs oraux, qui peuvent être prescrits par un médecin généraliste en attendant la consultation psychologique.


Début de la GHS à un très jeune âge


Le début précoce de la GHS est souvent sujet à controverse (Brierley et al., 2024 ; Vrouenraets et al., 2021, 2023). Cependant, dans notre cohorte et conformément aux études antérieures (van der Loos et al., 2022, 2023), la grande majorité des mineurs ont commencé la GHS à un âge médian de 16,41 ans (IQR 1,89) pour RFAB et 16,67 ans (IQR 1,86) pour RMAB.


L’âge médian au début de la GAH était de 17 ans pour les deux groupes.


Selon nos données, 91,6 % des RFAB et 90,7 % des RMAB étaient toujours sous GAH au moment de l’acquisition des données.


Parmi les 5,3 % des RFAB et les 9,3 % des RMAB, aucune information n’était disponible concernant la poursuite du traitement. Il était impossible de déterminer si les GAH étaient encore prescrites par un autre centre ou un médecin généraliste.


Aucune interruption des GAH chez les RMAB n’a été signalée, tandis que 1,6 % des RFAB ont arrêté, pour des raisons variées (identité non-binaire, désir de virilisation partielle, impact mental après la première injection).


Chirurgie d’affirmation de genre (GAS)

• Presque tous les RFAB éligibles ont subi une mastectomie, tandis qu’environ la moitié ont subi une hystéro-ovariectomie.

• Chez les RMAB, 66 % ont eu une vaginoplastie et/ou une orchidectomie.


Une nouvelle législation belge sur les personnes transgenres, introduite en 2018, ne requiert plus de gonadectomie pour changer légalement de genre. Son impact sur notre cohorte de mineurs reste à analyser.


Conclusion


Nos données confirment l’augmentation du nombre de jeunes TGD recherchant des soins psychologiques et médicaux, en ligne avec les tendances européennes (Kaltiala et al., 2020 ; Service, n.d. ; Wiepjes et al., 2018).


L’élargissement des options de GHS au-delà des GnRHa nous a permis de proposer des soins individualisés à certains groupes de mineurs. Le lancement d’un registre européen des mineurs transgenres (https://eurreb.eu/registries/core-registry/condition-specific-modules/gender-incongruence/) renforcera la collaboration entre centres et aidera à mieux étudier ces tendances et à répondre aux critiques sur l’utilisation des GnRHa chez les mineurs TGD.


Contributions des auteurs


• Conceptualisation de l’étude : SC, DK, MC.

• Acquisition du financement : MC.

• Collecte des données : SC, LB, JVS.

• Rédaction de la première version du manuscrit : SC.

• Révision du manuscrit : LB, JVS, DK, KD, RH, JM, MC.

• Approbation de la version finale du manuscrit : Tous les auteurs.


Approbation éthique et consentement des patients


Toutes les données ont été collectées rétrospectivement et analysées de manière anonyme. Notre base de données institutionnelle est régulièrement mise à jour par les gestionnaires de cas de l’équipe Pediatric Gender Team.


Aucune procédure spécifique à une étude n’a été réalisée sur les sujets. Toutes les procédures standards ont été effectuées conformément aux normes éthiques du comité de recherche institutionnel et/ou national, ainsi qu’à la Déclaration d’Helsinki de 1964 et à ses amendements ultérieurs ou à des normes éthiques comparables.


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