Publié le 07/08/2023
La HAS noyautée par les militants pro-trans ?
Selon Le Figaro, les membres du groupe d’experts de la Haute autorité de Santé (HAS) qui doit rendre ses recommandations sur la prise en charge des personnes transgenres sont pour la plupart des militants de la cause trans. En septembre prochain, la Haute Autorité de Santé (HAS) doit rendre ses recommandations actualisées sur la prise en charge des personnes transgenres et notamment des mineurs. La mission a été confiée à un groupe de travail d’une vingtaine de membres. Des nouvelles recommandations qui sont fortement attendues, tant la question de la prise en charge des personnes transgenres est devenue particulièrement polémique ces dernières années. Les données du problème sont connues : le transsexualisme semble un phénomène de plus en courant, le nombre de demandes d’opérations de réassignation sexuelle et d’hospitalisation pour transsexualisme ayant fortement augmenté ces dix dernières années. On compte désormais près de 9 000 personnes en affection de longue durée (ALD) pour dysmorphie de genre, dont environ 300 mineurs. Face à ce phénomène en augmentation, le monde médical se trouve pris entre deux mouvements, avec d’un côté la volonté de prendre en compte les demandes des personnes transgenres désireuses de changer de sexe, d’autant plus que certaines données plaident en faveur d’un risque de suicide accru en cas d’absence de réponse, de l’autre celle d’avancer avec prudence, dans un domaine où les études scientifiques sont peu nombreuses et parfois entachées de biais, notamment lorsqu’il s’agit de prendre en charge des mineurs. Publicité La CADA ordonne la publication du nom des experts de la HAS Malheureusement, les positions sur le sujet sont si tranchées qu’il semble impossible qu’un débat scientifique serein se tienne sur la question. C’est ce qu’illustre la dernière polémique sur la composition du groupe de travail de la HAS chargée d’élaborer ces nouvelles recommandations. Alors que l’institution sanitaire ne souhaite pas révéler le nom des experts membres de ce panel, afin de « garantir la sérénité des travaux et éviter les pressions de l’extérieur », l’association conservatrice Juristes pour l’enfance (JPE) a obtenu que la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA) ordonne le 20 juillet dernier à la HAS de donner la liste des membres de ce groupe de travail. Ce que craint l’association de défende des droits de l’enfant, c’est que la composition de ce groupe de travail ne reflète pas la diversité des opinions du monde médical sur la « question trans » et ne comprennent que des membres acquis aux revendications des militants trans. Selon ces derniers, seules les personnes transgenres sont à même de savoir quelle est la prise en charge adéquate à leur situation et les médecins sont là pour les accompagner, jamais pour remettre en question certaines attentes. « Notre souci est de nous assurer que les règles de bonne pratique qui pourraient être, demain, applicables à tous les patients, y compris aux mineurs, tiennent compte des controverses scientifiques qui existent sur ce sujet et invitent à la prudence pour protéger ces jeunes » explique Olivia Sarton, directrice scientifique de JPE. Une crainte d’un parti-pris chez les experts de la HAS qui semble bien fondée. En juin dernier, le journal Le Figaro était en effet parvenu à accéder à une liste des membres du groupe de travail de la HAS, qui laisse peu de doutes sur l’orientation que devraient prendre les recommandations de l’institution. Le panel d’experts est en effet co-dirigé par Clément Moreau, un psychologue transgenre membre de l’association Espace Santé Trans et par le Dr Nicolas Morel-Journel, spécialiste des opérations de changement de sexe. Des recommandations courues d’avance ? Parmi les membres du groupe, on trouve également sept personnes transgenres ainsi que plusieurs médecins qui ont publiquement exprimé leur soutien à l’accès des mineurs aux traitements hormonaux, comme le Dr Marc Fillâtre, qui défend la PMA pour les hommes transgenre ou le Dr Thelma Linet, elle aussi transgenre, qui demande « l’autonomie médicale des adolescents qui souhaitent transitionner ». Selon Le Figaro, l’Observatoire de la Petite Sirène, un groupe de praticiens qui appellent à la prudence sur la prise en charge des adolescents transgenres, a demandé à intégrer le groupe de travail, mais s’est vu opposer un refus de la HAS. Si les informations du Figaro sont exactes, il semble difficile à croire qu’un véritable débat scientifique puisse s’installer au sein du groupe de travail de la HAS, qui ne fera a priori que confirmer les idées déjà partagées par ses membres. La HAS pourrait donc, dans ses recommandations de septembre prochain, prôner un large accès aux traitements hormonaux et chirurgicaux de changement de sexe, y compris chez les mineurs, alors même que plusieurs de nos voisins européens (Royaume-Uni et Suède notamment) ont décidé d’un moratoire sur l’accès des mineurs aux traitements hormonaux. Pour Le Figaro, la présence d’un nombre si important de militants trans parmi les hautes sphères de la santé publique est le signe du succès de « l’entrisme » de ces derniers dans le monde médical. Les militants trans-activistes revendiquent en effet un droit à « l’auto-organisation » en matière de soins, afin que soit mise en avant « la légitimité des savoirs expérientiels et communautaires ». Mais si la prise en compte de la parole des personnes transgenres est évidemment souhaitable et nécessaire (notamment parce que les discriminations dans le monde médical restent nombreuses), elle ne doit pas se faire au détriment du débat scientifique et de la bonne prise en charge médicale des patients. Quentin Haroche
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