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Les bloqueurs de puberté pour les jeunes souffrant de dysphorie de genre : Une revue systématique et une méta-analyse

Photo du rédacteur: La Petite SirèneLa Petite Sirène

Puberty blockers for youth experiencing gender dysphoria: A systematic review and metaanalysis -  Une étude canadienne commandée par SEGM



Auteurs :


Anna Miroshnychenko, MSc ; Yetiani M Roldan, MD ; Sara Ibrahim, BHSc ; Chan Kulatunga-Moruzi, MSc, PhD ; Steven Montante, MD ; Rachel Couban, PhD ; Gordon Guyatt, MD, MSc ; Romina Brignardello-Petersen, DDS, MSc, PhD


Résumé


Objectif


La dysphorie de genre (GD) fait référence à la détresse psychologique associée à l’incongruence entre le sexe et l’identité de genre d’un individu. Pour gérer la dysphorie de genre, certaines personnes peuvent retarder le développement des caractères sexuels primaires et secondaires grâce à l’utilisation de bloqueurs de la puberté.


Dans cette revue systématique, nous évaluons et résumons la certitude des preuves sur les effets des bloqueurs de la puberté chez les personnes souffrant de dysphorie de genre.


Méthodes


Nous avons effectué une recherche dans MEDLINE, Embase, PsychINFO, Social Sciences Abstracts, LGBTQ+ Source, et Sociological Abstracts jusqu’en septembre 2023.


Nous avons inclus des études observationnelles comparant les bloqueurs de la puberté à l’absence de bloqueurs de la puberté chez les individus de moins de 26 ans souffrant de dysphorie de genre, ainsi que des études avant-après et des séries de cas.


Les résultats d’intérêt incluaient des aspects psychologiques et physiques.


Des paires d’évaluateurs ont indépendamment sélectionné les articles, extrait les données et évalué le risque de biais.


Nous avons effectué une méta-analyse et évalué la certitude d’un effet non nul en utilisant l’approche GRADE.


Résultats


Nous avons inclus 10 études :


Études observationnelles comparatives (n = 3) comparant les bloqueurs de la puberté à l’absence de traitement, fournissant des preuves de certitude très faible sur les résultats concernant la fonction globale et la dépression.

Études avant-après (n = 7) fournissant des preuves de certitude très faible sur la dysphorie de genre, la fonction globale, la dépression et la densité minérale osseuse.


Conclusion


Il persiste une grande incertitude quant aux effets des bloqueurs de la puberté chez les individus souffrant de dysphorie de genre.


Des études prospectives méthodologiquement rigoureuses sont nécessaires pour mieux comprendre les effets de cette intervention.

 

Messages clés


1. Ce que l’on sait sur ce sujet :

Les revues systématiques précédemment publiées sur les effets des bloqueurs de la puberté chez les individus souffrant de dysphorie de genre n’ont pas effectué de méta-analyse.

2. Ce que cette étude apporte :

Cette publication examine les effets des bloqueurs de la puberté chez les individus souffrant de dysphorie de genre, tout en respectant les normes méthodologiques les plus élevées pour la réalisation et la présentation d’une revue systématique et méta-analyse, ainsi que pour l’évaluation du risque de biais et de la certitude des preuves pour chaque résultat d’intérêt.

3. Impact potentiel sur la recherche, la pratique et les politiques de santé :

Les résultats de cette revue systématique et méta-analyse peuvent être utilisés pour informer :

• Les individus souffrant de dysphorie de genre envisageant l’utilisation de bloqueurs de la puberté.

• Les cliniciens impliqués dans leur prise en charge.

• Les élaborateurs de lignes directrices cliniques.

• Les décideurs politiques et les parties prenantes prenant des décisions sur les traitements liés à la dysphorie de genre.


Mots-clés : bloqueurs de la puberté, suppression de la puberté, dysphorie de genre.

Introduction


La dysphorie de genre désigne une détresse psychologique intense ou une altération du fonctionnement attribuée à un sentiment d’incongruence entre l’identité de genre et le sexe assigné à la naissance


Les individus souffrant de dysphorie de genre peuvent rechercher des interventions hormonales et chirurgicales pour aligner leur corps avec leur genre vécu ou exprimé. Ces interventions, comprenant des traitements hormonaux ou des chirurgies, visent à atténuer la détresse causée par la dysphorie de genre et à améliorer le bien-être mental


Les bloqueurs de la puberté, ou analogues de la gonadolibérine (GnRHa), suppriment la libération des hormones sexuelles et retardent les changements physiques de la puberté, qui commencent généralement entre 8 et 13 ans pour les femmes assignées à la naissance et entre 9 et 14 ans pour les hommes assignés à la naissance, en suivant un processus en 5 étapes


Initialement développés pour traiter la puberté précoce, ces médicaments ont été plus récemment utilisés pour gérer la dysphorie de genre.⁴ ⁵ En mettant la puberté en pause, il a été postulé qu’ils permettraient aux individus d’explorer leur identité de genre sans le stress supplémentaire des caractères sexuels secondaires non désirés, avant de décider de poursuivre une thérapie hormonale d’affirmation de genre.⁶ ⁷


Bien qu’initialement considérés comme totalement réversibles,⁷⁻⁹ des préoccupations ont émergé concernant leurs effets potentiels à long terme et leur réversibilité partielle.¹⁰ ¹¹


L’utilisation des bloqueurs de la puberté pour la dysphorie de genre reste controversée en raison des limitations méthodologiques des synthèses de preuves et études individuelles publiées précédemment.¹²⁻¹⁴


Cette revue systématique, utilisant les normes méthodologiques les plus élevées, synthétise les preuves disponibles afin d’éclairer la prise de décision concernant l’utilisation des bloqueurs de la puberté chez les jeunes souffrant de dysphorie de genre.

Méthodes


Nous avons rédigé cette revue systématique et méta-analyse en suivant les directives de la checklist PRISMA (Preferred Reporting Items for Systematic Reviews and Meta-Analyses) (Annexe 1).


Nous avons enregistré le protocole dans PROSPERO (ID d’enregistrement : CRD42023452171).

Critères d’éligibilité


Pour les critères d’éligibilité, voir Annexe 2.

Sources d’information


Avec l’assistance d’un spécialiste de l’information (RC), nous avons effectué une recherche dans MEDLINE, Embase, PsycINFO, Social Sciences Abstracts, Contemporary Women’s Issues, LGBTQ+ Source, Sociological Abstracts, Studies on Women, Gender Abstracts, et Google Scholar, depuis leur création jusqu’en septembre 2023.


Cette recherche faisait partie d’une recherche plus large pour une autre revue systématique connexe.¹⁵


Toutes les stratégies de recherche sont incluses en Annexe 3.

Sélection des études


En utilisant le logiciel Covidence (https://www.covidence.org/), une paire d’évaluateurs (SI, YR), après formation et exercices d’étalonnage, a indépendamment examiné les titres et résumés, ainsi que les textes complets des études potentiellement éligibles.


Un troisième évaluateur (AM) a résolu les conflits.


La sélection des études a été réalisée en parallèle avec une autre revue systématique connexe, aux étapes de sélection des résumés et des textes complets.¹⁵

Collecte des données


Pour la collecte des données, voir Annexe 4.

Risque de biais dans les études incluses


Pour chaque étude et résultat éligible, une paire d’évaluateurs (SI, YR), après formation et exercices d’étalonnage, a utilisé une version modifiée de l’outil Cochrane Risk of Bias (ROBINS-I) pour les études non randomisées sur les interventions,¹⁶ afin d’assurer une évaluation standardisée et cohérente entre les différents modèles d’étude (comparaison entre deux groupes, études avant-après, séries de cas).


Les évaluateurs ont classé les études selon leur risque de biais :


Faible

Modéré

Élevé

Critique


L’évaluation a été réalisée sur plusieurs domaines (Annexes 5 et 6).


Pour les essais contrôlés randomisés (RCTs), nous avions prévu d’utiliser l’outil Cochrane révisé pour le risque de biais.¹⁷


Les évaluateurs ont résolu les divergences par discussion ou en consultant un troisième évaluateur (AM) si nécessaire.

Synthèse des données


Bien que les auteurs des études aient utilisé divers modèles d’études observationnelles, nous avons classé les études comme observationnelles comparatives si elles rapportaient des données de résultats pour un groupe d’intervention comparé à un groupe indépendant.


Nous avons classé les études comme avant-après si les chercheurs mesuraient les résultats dans un seul groupe avant et après l’intervention, et comme séries de cas si les chercheurs mesuraient les résultats dans un seul groupe après l’intervention.


Selon la manière dont les résultats étaient mesurés et rapportés, une étude pouvait être classée différemment selon les résultats étudiés.


• Pour les résultats dichotomiques, nous avons résumé l’effet des interventions en utilisant :

Les rapports de cotes (odds ratios) dans les études observationnelles comparatives et avant-après.

Les proportions (nombre d’événements rapporté au nombre de participants du groupe étudié) dans les études de séries de cas.

• Pour les résultats continus, nous avons résumé les effets des interventions en utilisant :

La différence moyenne dans les études observationnelles comparatives (différence des scores entre les groupes étudiés).

Le changement moyen dans les études avant-après (différence des scores avant et après l’intervention).

La moyenne dans les études de séries de cas.


Les auteurs des études n’ayant pas fourni de coefficients de corrélation, nous avons imputé un coefficient de corrélation modéré (r = 0,5) pour calculer le changement moyen.


Nous avons calculé des intervalles de confiance (IC) à 95 % autour de toutes les estimations.


Nous avons effectué une méta-analyse en utilisant un modèle à effets aléatoires lorsque cela était approprié, selon l’avis des experts du domaine (CKM, SM), pour les études traitant du même résultat et sans hétérogénéité clinique (c’est-à-dire en termes de conception d’étude, population, intervention/comparateur et définition des résultats).


Lorsque deux études ou plus rapportaient le même résultat en utilisant différentes échelles, nous avons exprimé l’estimation de l’effet sous forme de changement moyen standardisé pour les études avant-après.


Lorsque nous n’avons pas pu réaliser de méta-analyse, nous avons fourni un résumé des preuves à travers les études pour chaque résultat.


Nous avons utilisé les packages meta et metafor dans R Studio Version 4.2 pour les analyses.


Certitude des preuves


Nous avons évalué la certitude des preuves en suivant l’approche GRADE (Grading of Recommendations, Assessment, Development, and Evaluation).¹⁸


Pour chaque comparaison et résultat, une paire de méthodologistes expérimentés en GRADE (SI, YR) a évalué chaque domaine de certitude indépendamment, résolvant les divergences par consultation d’un troisième méthodologiste (AM).


Nous avons classé la certitude des preuves comme :

Élevée

Modérée

Faible

Très faible


Toutes les preuves commençaient avec une certitude élevée,¹⁹ et pouvaient être réduites en raison de :

Risque de biais

Incohérence

Indirectness (inadéquation entre l’étude et la question de recherche)

Imprécision

Biais de publication


Les preuves pouvaient être augmentées lorsqu’il y avait :

Un effet de grande ampleur

Une relation dose-réponse

Une réduction du risque de confusion ou de biais pouvant renforcer la confiance dans l’estimation²⁰


En suivant les directives GRADE, nous avons diminué la certitude des preuves jusqu’à trois niveaux en raison d’un déséquilibre pronostique dans les études observationnelles comparatives, où le risque de biais a été évalué à l’aide de l’outil ROBINS-I.¹⁹


Pour les séries de cas, nous avons diminué la certitude des preuves de trois niveaux, en raison de l’absence de groupe comparateur.


Afin de minimiser les jugements subjectifs, nous avons utilisé un seuil d’effet nul (1 pour les mesures relatives, 0 pour les mesures absolues, les différences moyennes et les changements moyens) pour évaluer la certitude que les bloqueurs de la puberté entraînent un bénéfice ou un risque, indépendamment de son ampleur.


Nous n’avons pas défini de différence minimale cliniquement importante, afin de ne pas influencer l’interprétation des résultats.


Nous avons évalué l’effet causal des bloqueurs de la puberté sur les résultats de santé, plutôt que les associations, même si les études incluses n’étaient pas conçues pour répondre à cette question.


En suivant les directives et principes GRADE pour traiter des questions d’intervention basées sur des études observationnelles, nous avons :

Défini la question cible.²¹

Clarifié son objectif (causalité).

Évalué la certitude des preuves sous ces paramètres.²²


Nous avons utilisé GRADEpro pour créer les tableaux de synthèse des résultats.²³Analyses de sous-groupes et de sensibilité


Pour les analyses de sous-groupes et de sensibilité, voir Annexes 7 et 8.


Gestion des conflits d’intérêts


Pour la gestion des conflits d’intérêts, voir Annexe 9.


D’autres revues systématiques incluses dans l’accord décrit portent sur :

• Les effets de la transition sociale de genre (soumis pour publication)

• La mastectomie²⁴

• Le binding thoracique et le tucking génital (soumis pour publication)

• La thérapie hormonale d’affirmation de genre (soumis pour publication)


Résultats


Après avoir examiné 6 736 titres et résumés pour cette revue systématique et une autre revue systématique connexe,¹⁵ nous avons inclus 10 études dans cette revue systématique.


La Figure 1 illustre les résultats du processus de recherche et de sélection des études.


Nous présentons les raisons d’exclusion (n = 311) avec références en Annexe 10.


Caractéristiques des études incluses


Parmi les 10 études incluses :


3 étaient des études observationnelles comparatives.

7 utilisaient un modèle avant-après (Figure 1).⁸ ²⁵⁻³³

Deux des études avant-après ont rapporté des données sur la progression vers une thérapie hormonale d’affirmation de genre après l’intervention, et nous les avons classées comme séries de cas pour ce résultat.²⁷ ³⁰


Après avoir effectué la recherche, nous n’avons identifié aucun RCT répondant à nos critères d’éligibilité.


L’âge moyen (ET) des participants au moment de l’administration des bloqueurs de la puberté variait de 12,93 (2,52) à 16,48 (1,26) ans.


Nous présentons les caractéristiques des études incluses en Annexe 11.


L’Annexe 12 décrit les instruments de mesure et leur interprétabilité.

Risque de biais dans les études incluses


Dans les études observationnelles comparatives, les domaines les plus fréquemment jugés comme présentant un risque de biais sérieux ou critique étaient :

Les facteurs de confusion.

Les données manquantes.


Dans les études avant-après, le risque de biais était sérieux ou critique en raison des données manquantes, et modéré ou critique en raison de :

L’écart par rapport à l’intervention prévue.

L’absence de groupe comparateur indépendant.


Dans les séries de cas, le risque de biais était critique en raison de :

L’écart par rapport à l’intervention prévue (ex. : administration de co-interventions).

L’absence de groupe comparateur (Annexe 6).

Effets des bloqueurs de la puberté


Nous décrivons les effets de l’intervention pour chaque modèle d’étude (études observationnelles comparatives, études avant-après, séries de cas).


Les Tables 1-3 présentent les tableaux de synthèse des résultats.


L’Annexe 13 affiche les forest plots des méta-analyses.


1. Études observationnelles comparatives


Fonction globale :


Lorsqu’elle est évaluée à 12 mois avec l’échelle Children’s Global Assessment Scale (variant de 1 à 100, des scores plus élevés indiquant une meilleure fonction globale), la méta-analyse suggère que la différence moyenne de changement des scores par rapport à la valeur de base (MC) pourrait être plus élevée (MC 7,67 plus élevée [IC 95 % 2 plus faible à 17,34 plus élevée], n = 2, certitude très faible) chez les individus ayant reçu des bloqueurs de la puberté par rapport à ceux n’en ayant pas reçu.

Cependant, nous avons une très grande incertitude quant à l’effet causal de l’intervention sur la fonction globale.

Lorsqu’elle est évaluée à 6 mois, la certitude des preuves sur la fonction globale était également très faible.

Voir Tableau 1.


Dépression :


Lorsqu’elle est mesurée à 12 mois avec l’échelle CESD-R (Center for Epidemiologic Studies Depression Scale) (variant de 0 à 60, des scores plus élevés indiquant une dépression plus sévère), une analyse de régression linéaire a rapporté que les bloqueurs de la puberté pourraient ne pas diminuer les scores de dépression chez les participants de type femme vers homme (FTM) (r² = 0,09, b = -0,02, p = 0,95), mais pourraient diminuer la dépression chez les participants de type homme vers femme (MTF) (r² = 0,52, b = -2,41, p = 0,008).

Nous avons une très grande incertitude quant à l’effet causal de l’intervention sur la dépression.

Voir Tableau 1.

Tableau 1. Bloqueurs de la puberté vs absence de bloqueurs de la puberté : preuves issues des études observationnelles comparatives.


2. Études avant-après


Dysphorie de genre :


Lorsqu’elle est mesurée entre 23 et 36 mois avec l’échelle Utrecht Gender Dysphoria Scale (variant de 1 à 5, des scores plus élevés indiquant une dysphorie de genre plus importante), la méta-analyse suggère que la dysphorie de genre pourrait être plus faible (SMC (changement moyen standardisé) 0,01 plus faible [IC 95 % 0,4 plus faible à 0,19 plus élevée], n = 2, certitude très faible) après avoir reçu des bloqueurs de la puberté par rapport à avant, bien que nous soyons très incertains quant à l’effet causal de l’intervention sur la dysphorie de genre.

Voir Tableau 2.


Fonction globale :


Lorsqu’elle est mesurée entre 23 et 36 mois avec l’échelle Children’s Clinical Global Assessment (variant de 1 à 100, des scores plus élevés indiquant une meilleure fonction globale), la méta-analyse suggère que la fonction globale pourrait être plus élevée (MC (changement moyen) 3,63 plus élevée [IC 95 % 3,17 plus élevée à 4,09 plus élevée], n = 2, certitude très faible) après avoir reçu des bloqueurs de la puberté par rapport à avant, bien que nous soyons très incertains quant à l’effet causal de l’intervention sur la fonction globale.

Voir Tableau 2.


Dépression :


Lorsqu’elle est mesurée à 23 mois avec l’échelle Beck Depression Inventory (variant de 0 à 63, des scores plus élevés indiquant une dépression plus sévère), la dépression pourrait être plus faible (MC 3,36 plus faible [IC 95 % 3,69 plus faible à 3,03 plus faible], n = 1, certitude très faible) après avoir reçu des bloqueurs de la puberté par rapport à avant.

Voir Tableau 2.


Densité minérale osseuse de la hanche :

Lorsqu’elle est évaluée entre 12 et 36 mois avec la densitométrie osseuse à double énergie (DXA) (scores Z variant de -3 à 3), la méta-analyse suggère que la densité minérale osseuse de la hanche pourrait être plus faible (MC 0,71 plus faible [IC 95 % 1,09 plus faible à 0,33 plus faible], n = 2, certitude très faible) après avoir reçu des bloqueurs de la puberté par rapport à avant, bien que nous soyons très incertains quant à l’effet causal de l’intervention sur la densité minérale osseuse.

Voir Tableau 2.


Densité minérale osseuse de la colonne lombaire :


Lorsqu’elle est évaluée entre 12 et 36 mois avec la densitométrie osseuse à double énergie (DXA) (scores Z variant de -3 à 3), la méta-analyse suggère que la densité minérale osseuse de la colonne lombaire pourrait être plus faible (MC 0,72 plus faible [IC 95 % 0,91 plus faible à 0,54 plus faible], n = 5, certitude très faible) après avoir reçu des bloqueurs de la puberté par rapport à avant, bien que nous soyons très incertains quant à l’effet causal de l’intervention sur la densité minérale osseuse.

Lorsqu’elle est évaluée à 6 mois, la certitude des preuves sur ce résultat était également très faible.

Voir Tableau 2.


Densité minérale osseuse du col fémoral :


Lorsqu’elle est évaluée entre 20 et 24 mois avec la densitométrie osseuse à double énergie (DXA) (scores Z variant de -3 à 3), la méta-analyse suggère que la densité minérale osseuse du col fémoral pourrait être plus faible (MC 0,7 plus faible [IC 95 % 1,11 plus faible à 0,29 plus faible], n = 2, certitude très faible) après avoir reçu des bloqueurs de la puberté par rapport à avant, bien que nous soyons très incertains quant à l’effet causal de l’intervention sur la densité minérale osseuse.

Voir Tableau 2.


Tableau 2. Bloqueurs de la puberté vs absence de bloqueurs de la puberté : preuves issues des études avant-après.


3. Séries de cas


Deux des études avant-après ont rapporté des données sur la progression vers une thérapie hormonale d’affirmation de genre après l’intervention, et nous les avons classées comme séries de cas pour ce résultat.²⁷ ³⁰

Progression vers une thérapie hormonale d’affirmation de genre :

Dans une période de 12 à 36 mois, 92 % des individus ayant reçu des bloqueurs de la puberté ont poursuivi avec une thérapie hormonale d’affirmation de genre (proportion 0,92 [IC 95 % 0,53 à 0,99], n = 2, certitude très faible), bien que nous soyons très incertains quant aux effets de l’intervention sur ce résultat.

Lorsqu’il est évalué à 12 mois, la certitude des preuves sur ce résultat était également très faible.

Voir Tableau 3.

En ce qui concerne l’incidence de ce résultat après l’administration de bloqueurs de la puberté, la certitude des preuves est faible.

Voir Annexe 14.


Tableau 3. Bloqueurs de la puberté vs absence de bloqueurs de la puberté : preuves issues des séries de cas.


Discussion


Cette revue systématique et méta-analyse a synthétisé et évalué les preuves disponibles sur les effets des bloqueurs de la puberté chez les jeunes souffrant de dysphorie de genre.


La plupart des études ont fourni des preuves de certitude très faible concernant les résultats d’intérêt, nous ne pouvons donc pas exclure la possibilité d’un bénéfice ou d’un risque.


Bien que certains puissent considérer notre modification de l’outil ROBINS-I pour évaluer le risque de biais comme une limite, nous pensons que cet ajustement a permis d’obtenir des conclusions comparables à celles qui auraient été obtenues avec l’outil original ou d’autres outils alternatifs, comme l’échelle de Newcastle-Ottawa.³⁴


Les limites méthodologiques des études incluses auraient probablement conduit à des résultats similaires, quel que soit l’outil d’évaluation du risque de biais utilisé.

Les études observationnelles comparatives présentaient un risque de biais critique en raison des facteurs de confusion et des données manquantes.

Les études avant-après présentaient un risque de biais modéré à critique en raison des données manquantes et un risque de biais modéré à critique en raison de l’écart par rapport à l’intervention prévue.

Les séries de cas, en plus de ne pas avoir de groupe comparateur, présentaient un risque de biais critique en raison de l’écart par rapport à l’intervention prévue (ex. : administration de co-interventions).


Étant donné leur conception, les résultats des études de séries de cas ne devraient être utilisés que pour générer des hypothèses.


Pertinence de l’évaluation des bloqueurs de la puberté


Pour répondre à la question cible de cette revue systématique—et à celle des décideurs quant à l’utilisation de ces interventions—nous avons évalué les effets des bloqueurs de la puberté en nous basant sur des séries de cas et des études avant-après, car nous n’avons pas trouvé d’essais cliniques randomisés (RCTs) ni d’études observationnelles comparatives robustes.


Bien que ces modèles d’étude puissent apporter des informations sur certaines questions spécifiques à un seul groupe (ex. : quelle est la qualité de vie des individus ayant reçu des bloqueurs de la puberté ?), ils ne permettent pas de répondre aux questions sur les effets des interventions (ex. : la qualité de vie est-elle meilleure chez les individus ayant reçu des bloqueurs de la puberté par rapport à ceux qui ne les ont pas reçus ?).


Il est donc crucial de tenir compte de ces limites lorsque la question cible porte sur les effets d’une intervention.


Nous avons ainsi diminué la certitude des preuves, principalement en raison du risque de biais et de l’imprécision pour la plupart des résultats et modèles d’étude.


L’imprécision était souvent due à :

• Une taille d’échantillon insuffisante.

• Des intervalles de confiance chevauchant le seuil d’effet nul.


Nous n’avons trouvé aucune donnée concernant les résultats liés au suicide et à la dysfonction sexuelle.


Comparaison avec d’autres revues systématiques


Il s’agit de la première revue systématique et méta-analyse à évaluer les effets des bloqueurs de la puberté chez les enfants, adolescents et jeunes adultes souffrant de dysphorie de genre en suivant les normes méthodologiques les plus élevées.³⁵


D’autres revues systématiques publiées ont évalué les bloqueurs de la puberté, et leurs conclusions sont similaires aux nôtres.³⁶⁻⁴⁰

• Une de ces revues systématiques a utilisé l’outil ROBINS-I.³⁶

• D’autres ont utilisé un outil différent pour évaluer le risque de biais.³⁷⁻⁴⁰

• Seules deux revues systématiques ont évalué la certitude des preuves en suivant l’approche GRADE.³⁶ ³⁷

Aucune n’a réalisé de méta-analyse.


Toutes ces revues systématiques publiées aboutissent à des conclusions similaires à notre étude :


Les meilleures preuves actuellement disponibles sur les effets des bloqueurs de la puberté dans la population étudiée sont de certitude très faible, et des études de haute qualité évaluant les effets à court et long terme des bloqueurs de la puberté sont nécessaires.


Recommandations futures


Pour comprendre les effets des bloqueurs de la puberté chez les jeunes souffrant de dysphorie de genre, des études méthodologiquement rigoureuses sont nécessaires, telles que :

• Des essais contrôlés randomisés (RCTs) (si éthiquement réalisables).

• Des études de cohortes prospectives.


Étant donné que les meilleures preuves actuelles, y compris cette revue systématique et méta-analyse, sont principalement de certitude très faible, les cliniciens doivent communiquer clairement ces données aux patients et aux aidants.


Les décisions thérapeutiques doivent prendre en compte :

Le manque de preuves de qualité modérée et élevée.

L’incertitude sur les effets des bloqueurs de la puberté.

Les valeurs et préférences des patients.


Étant donné le caractère subjectif des valeurs et préférences individuelles, les élaborateurs de lignes directrices et les décideurs politiques doivent être transparents quant aux valeurs qu’ils privilégient lorsqu’ils formulent des recommandations et décisions politiques.


Forces et limites du processus de revue


Cette revue systématique et méta-analyse présente plusieurs forces.


Nous avons suivi de manière rigoureuse les normes méthodologiques les plus élevées, évalué le risque de biais pour chaque étude et déterminé la certitude des preuves pour chaque résultat en suivant les dernières recommandations.


Nous avons réalisé les analyses et interprété les résultats en suivant l’approche GRADE.


Une limite de notre revue est l’inclusion exclusive d’études en anglais. Cependant, nous ne pensons pas que cela modifie fondamentalement nos conclusions.


De plus, pour des raisons de faisabilité, nous avons dû prioriser certains résultats à inclure dans notre revue systématique.


Nous ne pouvons donc tirer aucune conclusion concernant d’autres résultats d’intérêt, tels que le regret, l’anxiété et la douleur pelvienne.


Conclusion


Les meilleures preuves disponibles sur les effets des bloqueurs de la puberté chez les jeunes souffrant de dysphorie de genre sont principalement de certitude très faible, et nous ne pouvons donc exclure la possibilité d’un bénéfice ou d’un risque.


Des preuves étaient disponibles pour les résultats suivants :


Fonction globale

Dépression

Dysphorie de genre

Densité minérale osseuse

Progression vers une thérapie hormonale d’affirmation de genre


Des preuves de certitude élevée issues de cohortes prospectives et, si éthiquement réalisables, d’essais contrôlés randomisés (RCTs) sont nécessaires pour mieux comprendre les effets à court et long terme des bloqueurs de la puberté chez les personnes souffrant de dysphorie de genre.


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